La robe « Robe Volante » du XVIIIe siècle marque un tournant important dans la mode du début du XVIIIe siècle. Il met fin à la silhouette en sablier du temps de Louis XIV, en dissimulant la forme du buste sous de larges pans de tissu qui tombent simplement de l'épaule jusqu'aux pieds.

L'habit fait fureur à Versailles sous la régence de Philippe d'Orléans (1715-1723). Mais, inspiré des modestes robes de chambre du XVIIe siècle, le modèle avait aussi fait l'objet de vives critiques. On l'a trouvé négligé. On lui reprochait surtout de ne pas mettre suffisamment en valeur les attributs du beau sexe. Ainsi, à partir de 1730, la Robe Volante évolue vers ce qui deviendra la Robe à la Française, qui sera la tenue de cour par excellence tout au long du règne de Louis XV et jusqu'à la fin des années 1770.


Les plissés "à la Watteau"


La Robe à la Française du XVIIIe siècle conserve de la Robe Volante les plis du dos, dits "à la Watteau", car le peintre les a beaucoup représentés dans ses portraits.

Les Deux Cousins, d'Antoine Watteau (1716)
Les Deux Cousins, d'Antoine Watteau (1716)

Le volume généreux de la robe est ramené dans une double série de larges plis plats dans le dos. Ces plis, qui caractérisent la Robe à la Française, descendent du décolleté jusqu'aux pieds et se prolongent parfois en traîne.

Les Deux Cousins, d'Antoine Watteau (1716)

L'enseigne de Gersaint, par Antoine Watteau (1720)


Une poitrine structurée


Si le dos est caché sous la mantua, le devant met en valeur les attributs féminins. Une Robe à la Française se porte sur un corsage en baleine qui structure le buste et le décolleté. Ce corsage se termine en pointe pour mieux souligner la finesse de la taille et les formes des hanches.

C'est sur les côtés de ce buste très ajusté que se replient les pans de la redingote. Ces rabats étaient parfois fixés par des "compères", c'est-à-dire des morceaux de tissu cousus sur la partie intérieure des bords de la robe et boutonnés.


Dans ce portrait, Madame de Pompadour ajoute également des garnitures constituées d'une échelle de rubans noués sur le ventre.

Madame de Pompadour, par François Boucher (1758)

Madame de Pompadour, par François Boucher (1758)

La robe a également des manches pagode. Au niveau du coude, elles se terminent par un large revers qui s'évase sur l'avant-bras. C'est dans ce revers que sont cousues les « engageantes », une cascade de volants de dentelle .


Les sacoches

L'ouverture du manteau de ville découvre la jupe, souvent faite du même tissu que le manteau. Pour lui donner tout son volume , également caractéristique de la Robe à la Française, la jupe se porte sur un jupon baleine ou Paniers .

La forme de ces dernières évolue par rapport à celles de la Robe Volante. La forme en "cloche" s'aplatit devant et derrière pour s'élargir vers les côtés. Celui-ci pouvait atteindre 2,5 mètres ! Une si grande envergure la rendait incommode, c'est pourquoi elle était réservée aux grandes occasions et cérémonies de la cour.

Marie-Antoinette en robe corbeille de satin blanc, par Elisabeth Vigée Lebrun (1778)

Marie-Antoinette en robe corbeille de satin blanc, par Elisabeth Vigée Lebrun (1778)

L'évolution des robes de jardin anglais


Imposante et réservée à la haute aristocratie, la robe française fut ainsi portée par les femmes de la cour jusque dans les années 1770. Seules l'ornementation, la richesse et la nature des étoffes varient . Unique et changeante, elle est l'essence même de l'esthétique rococo.

Cette Robe à la Française résume à elle seule l'esthétique rococo pour qui la beauté est nécessairement dynamique ; les fleurs ondulantes du tissu, les applications sinueuses de la chenille de soie sur le corsage, correspondent au balancement du panier lorsque la femme bougeait.


« Cette robe française résume à elle seule l'esthétique rococo pour laquelle la beauté est nécessairement dynamique ; à l'ondulation des fleurs du tissu, aux applications sinueuses de la chenille de soie sur le corsage, correspond le balancement du panier lorsque la femme bougeait. "

Pascale Gorguet-Ballesteros, Robe à la française, Musée de la mode de la ville de Paris.

Mais de nouvelles formes commencent à émerger à partir de 1770, inspirées par l'esprit country des robes anglaises. Les robes étaient raccourcies pour montrer les chevilles et faciliter la marche ; les corsages ont également été adoucis pour permettre un meilleur mouvement et une meilleure respiration. Et bientôt la robe française, symbole par excellence du rococo mais lourde et peu pratique, tombera en désuétude.